mercredi 7 novembre 2007

Deletion

Debout sur le seuil incurvé, face à elle et alentour l’aire s’étend et délimite le périmètre de vie qui, parcimonieusement, leur est à tous impartis, enforestés par les pins qui les cernent, loin devant et loin derrière, masse muette d’aiguilles verdâtres sur des kilomètres.
La géographie de ce pays de lichens et de sable ne connaît aucun obstacle à sa paisible étendue forestière qui de quatre-vingt dix degrés en quatre-vingt dix degrés, change de sens toujours tout droit.
A l’aube, par flaques entières les rosés des prés cachés dans la rosée du matin attendent rosement la main experte du cueilleur, la hargne assassine du cuisinier et la chaleur cuisante de la poêle.
Plus loin, à l’horizon du champ découvert, se dessine le potager de fortune qui d’expérimental est devenu passion du jour. Fierté autour des plans qui poussent bien, et des graines qui sortent à l’envi. Oeil du connaisseur tamisant la lourde terre noire. De la bonne terre pour faire lever dru le grain. Plaisir du détail, à répertorier sans fin les senteurs saveurs, tous les arômes dans le jardin des simples.
L’été, le soir, l’air lourd de la chaleur du jour et du parfum musqué de la terre, se répand en cercles concentriques, en sphères éphémères jusqu’à l’orée des pinèdes.
Au-delà. Rien. Ou plutôt, toute une odeur piquante de sève figée.
A fleur de sable, les racines fantômes, des arbres longiformes, courent. Et, la forêt, vaste château de cartes, comme un fétu de paille, s’envole au moindre coup de vent rasant, se renverse en désordre et livre au ciel lavé d’orage la terre nue des marais revenus.
Les temps reculent. La mer avance. Et, ravageuse noie la plaine déforestée et désolée, vide de sang. Les temps reculent. La mer avance. Et, sulfureuse ronge les terres dévastées, énucléées. Les temps reculent. La mer avance. Délétère.

Années 70-80


Photographie de mhaleph

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